Leticia, 24 ans : « J'ai redécouvert mes capacités. »

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En mars 2019, orientée par la mission locale, Leticia, 24 ans, a rejoint les ateliers d’insertion du Secours Catholique d’Épinal. Une étape nécessaire pour pouvoir envisager l’avenir.
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Texte

« Aux ateliers d’insertion du Secours Catholique d’Épinal, je participe à l’activité cuisine et je contribue à la gestion de la boutique solidaire. Ça me permet d’acquérir des compétences. Pour moi, cela a surtout été l’occasion de renouer avec la collectivité. Car lorsque j’ai intégré les ateliers, en mars 2019, socialement, c'était le néant.

Je venais de passer deux ans seule dans mon appartement, sans presque jamais sortir et sans voir personne, à part la conseillère de l’Aide sociale à l’enfance et, de temps en temps, ma marraine. Il a fallu que je reprenne l’habitude de voir du monde, que je réapprenne à parler aux gens : « Est-ce que je leur dis ça ? Est-ce que ça les intéresse ? » Si on m’avait mise dans un dispositif d’insertion professionnelle pour les jeunes de moins de 25 ans, type Garantie jeune (aujourd'hui Contrat d'engagement jeune, Ndlr), je n’aurais pas été réceptive. 

Leticia pose dans la cuisine de l'atelier d'insertion

Aujourd’hui, j’ai un projet : l’animation auprès de personnes âgées. J'aime leur contact.
 

Mon projet principal, à ce moment-là, était de me resociabiliser et de reprendre confiance en moi. Quand on a été autant isolée et en situation d'échec, on a l’impression qu’on ne sait plus rien faire. On n’arrive plus du tout à se projeter. Déjà, penser à la journée du lendemain est très difficile. Alors imaginer un projet professionnel, c’est impossible. Mais quand on est perdu, ça ne se perçoit pas forcément ; la personne en face de nous peut avoir l’impression qu’on n’a juste pas envie, qu’on s’en fiche. Aux ateliers du Secours Catholique, les bénévoles ont été compréhensifs et bienveillants. Ils ne m'ont pas brusquée, mais ils m’ont laissé le temps, étape par étape.

Au contact des autres, j'ai découvert et redécouvert des capacités. Mon écoute et mon empathie, par exemple, que j’ai appris à réapprivoiser. Car au bout de deux ans où je n’avais plus personne à écouter, je n’écoutais plus que moi-même, et encore… Et je n'avais plus d’empathie que pour moi-même. Aujourd’hui, j’ai un projet : l’animation auprès de personnes âgées. J'aime leur contact. Elles sont plus facilement à l’écoute et ont des choses à nous apprendre sur leur vie, leur expérience. Je vais passer le Bafa, puis intégrer une formation. »

Crédits
Nom(s)
Benjamin Sèze
Fonction(s)
Journaliste rédacteur
Nom(s)
Xavier Schwebel
Fonction(s)
Photographe
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