Marina Paula Oliveira, militante contre l'extractivisme : « Le combat pour la justice continue ! »
« Ma vie a basculé le 25 janvier 2019. Ce jour-là, le barrage de Brumadinho s’est rompu. Ce réservoir qui reçoit les déchets issus des activités d’exploitation minière de l’entreprise Vale s’est effondré, emportant sur son passage des tonnes de boue contaminée et tuant près de 300 personnes. C’était ma ville, ma famille, mes amis. Je me suis engagée avec l’Église locale en apportant de l’aide d’urgence aux sinistrés. Puis avec l’ONG Caritas, j’ai documenté les violations des droits de l’Homme dont les communautés affectées sont victimes.
Je suis inquiète de savoir si des membres de ma famille sont victimes d’une contamination par des métaux lourds présents dans le sol et dans l’eau. Je veux que Brumadinho obtienne justice après la plus grande tragédie de l’histoire du Brésil ! C’était un meurtre, pas un accident ! Car Vale savait que son barrage n’était pas stable. L’entreprise doit payer, de même que la société d’audit allemande TÜV Süd qui a présenté de faux documents sur la stabilité du barrage.
Nous dénonçons l’accord signé en 2021 avec l’État brésilien, dans lequel Vale s’engage à verser 7 milliards de dollars. Les communautés n’ont pas été consultées durant les négociations. Nous voulons que le million de victimes affectées par la catastrophe (pêcheurs, paysans, peuples autochtones) soient associées au processus de décision pour qu’elles obtiennent enfin des réparations.
Je travaille avec de nombreuses ONG et institutions du monde entier (dont Iglesias y Mineria, partenaire du Secours Catholique) car au-delà de Brumadinho, je veux alerter sur les dangers de l’exploitation minière pour l’environnement et les droits de l’Homme. Aujourd’hui les populations subissent les intérêts économiques des multinationales qui exploitent les richesses minières. Le modèle minier est fondé sur la primauté du profit. 1 % de la population mondiale profite du capitalisme et les autres en pâtissent.
Mon combat m’a conduit à recevoir des menaces de mort. C’était durant la campagne présidentielle de 2022, les partisans de Jair Bolsonaro étaient proches du secteur minier. Je me suis mise à l’abri durant quelques mois en France où j’ai bénéficié d’un programme de protection des défenseurs de droits de l’Homme. Je suis revenue au Brésil après l’élection de Lula. Même si nous avons plus de chances d’être soutenus par l’État, le combat pour la justice continue. »
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