Avec ou sans leurs enfants, des parents – en majorité des mères isolées – passent du temps à la Maison des familles d’Annecy, l’une des 9 maisons créées par le Secours Catholique et la fondation des Apprentis d’Auteuil. Dans cet espace aménagé comme chez soi, animé par des salariés et des bénévoles, ces personnes trouvent repos, écoute et appui dans leur rôle éducatif.
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10H30
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C’est le rituel matinal de la maison : l’accueil autour d’un café. Bouchera, qui élève seule ses deux fils, apporte de bonnes nouvelles : elle a obtenu une place en crèche et va pouvoir chercher un emploi. La trentenaire est une habituée des lieux. « Je me sens respectée, écoutée et comprise. Je ne trouve pas cela ailleurs », dit-elle. La matinée se poursuit par la préparation du déjeuner partagé. « L’objectif, explique Marie, bénévole, c’est que les mamans cuisinent ensemble et dialoguent. »
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11H
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Les plats concoctés et les langues parlées sont à l’image des familles : issus des cinq continents. L’une des règles de la maison, outre la bienveillance et le non-jugement, est de s’exprimer le plus possible en français. Nerxhivane, Kosovare, cueille des pommes dans le pommier planté au fond du jardin. Elle en garnira la tarte du dessert. Pour cette mère de deux enfants qui recourt régulièrement au 115 afin de trouver un endroit où dormir, l’espace est un luxe. La maison bien aménagée, sa pelouse et son carré potager lui permettent de respirer et de décompresser.
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Le témoignage de Marie, bénévole à la maison des familles.
« Mon rôle est d'accueillir sans réserve, sans jugement. »
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12H
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Fatoumata aussi est contente de quitter pour la journée la chambre exigüe du foyer où elle vit avec son petit garçon, Ibrahima, qui fait ses premiers pas. « Ici, au moins, je ne m’ennuie pas. Je rencontre d’autres personnes, on rigole ! » apprécie la Guinéenne. Arrivée seule à Annecy il y a huit mois, elle a été orientée vers la maison par la PMI (Protection maternelle infantile). Depuis, la jeune femme, qui n’avait pas pédalé depuis quinze ans, a participé à une sortie vélo. Autre première : deux jours de marche en montagne durant l’été. Cocon au sein duquel les mères trouvent du réconfort, la maison a aussi pour rôle d’élargir leur horizon quotidien.
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14H
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« Quels projets souhaiteriez-vous mener ? » interroge Camille Mejat, salariée, lors du “conseil de maison”, un espace d’expression et de codécision. « Chacun apporte un peu de soi pour construire ensemble », témoigne Daisy, volontaire pour rédiger le compte rendu. C’est un lieu où l’on s’émancipe : on nous fait confiance, on vient avec ses envies (une sortie, une séance bien-être…), on les partage et on les concrétise. »
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Le témoignage de Daisy, maman de deux enfants.
« J'avais besoin de ce lieu pour créer du lien social. »
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15H
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Les mercredis sont animés : les enfants plus grands, n’ayant pas école, investissent la maison. Ils s’amusent loin des écrans, sous l’œil d’Agnès, stagiaire, et de Marine, en service civique. Pendant ce temps, les adultes se réunissent entre eux pour un temps d’échange éducatif, au cours duquel ils partagent leur expérience et leurs façons de voir autour de préoccupations liées à leur rôle parental. « Ça donne des idées pour régler certains problèmes que l’on rencontre avec les enfants, chez nous ou à l’école », souligne Khabir, l’un des rares pères fréquentant la maison.
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16H
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Dans les moments informels de pause ou de jeu comme lors de temps dédiés autour d’une activité de bricolage, l’une des priorités de la maison est de renforcer le lien entre parent et enfant. « Ce lien peut être empêché ou altéré pour diverses raisons : la précarité sociale et économique, la perte de motivation, le manque de confiance dans ses compétences... », énumère Camille Mejat. « C’est ici que j’ai appris à jouer avec mes enfants, témoigne Bouchera. Avant, je n’avais pas la tête à ça. Maintenant, je suis plus patiente. »
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« Le jeu permet de créer spontanément du lien entre parents et enfants, mais aussi entre adultes », relève Annick, bénévole. Ces activités ludiques aident à surmonter la timidité éprouvée par certaines mères autant que la barrière de la langue. « À partir du moment où l’on a joué ensemble, on va pouvoir se livrer plus facilement sur les difficultés. » Aucune obligation toutefois, ni à se confier ni à enchaîner les activités avec son enfant : si le parent a besoin de souffler, les autres adultes prennent le relais. Fatoumata regarde ainsi avec plaisir Ibrahima interagir avec d’autres.
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17H
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Le goûter, pris sur la terrasse, clôt la journée. Depuis le matin, la porte n’a cessé de s’ouvrir : des mères sont simplement venues prendre le café, avant de repartir. D’autres sont restées plusieurs heures, et reviendront dès le lendemain. En 2018, plus de 110 familles ont ainsi été accueillies, dont la moitié plus de trois fois. Fidéliser des habitués et intégrer de nouveaux parents est le double enjeu de la maison, afin d’en faire continuer et grandir l’esprit.