Dans un immeuble parisien du 10e arrondissement, à deux pas de la gare de l'Est, cohabitent des femmes et des hommes isolés. Les premières, en majorité migrantes, sont « hébergées », les seconds sont « résidants ». Les deux structures qui les accueillent – un centre d’hébergement d’urgence et une maison-relais – sont gérées par Cités Caritas. Outre une cour et des murs, tous partagent un même soulagement, celui d’avoir un toit et d’être accompagnés.
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Heure ou date
10H
Description
Dans une salle commune logée au 6e étage, les résidants* de la maison-relais (ou pension de famille) Magenta se retrouvent pour leur rituel hebdomadaire : une pause-café ouverte à ceux qui le souhaitent. Autour de Marie, travailleuse sociale chargée de l’accompagnement social et de l’animation de la vie collective, ont pris place Antoine, Paul, Michel, Marie-Thérèse et Saliha. La télévision est branchée sur une chaîne d’info en continu. « Ils ne parlent que de Covid depuis ce matin ! », commente Antoine, quadragénaire grisonnant et barbu au look d’ado, écouteurs autour du cou. Les échanges vont bon train au sujet de la réception des chaînes télé dans les logements. « Je passe des heures à essayer de régler mon poste, mais ça ne marche pas ! » s’agace Marie-Thérèse. « Moi, hier soir, j’ai regardé la trilogie Batman sur TMC », raconte Antoine, avant de s’éclipser : il a rendez-vous à l’hôpital de jour pour un atelier artistique dans le cadre de son suivi médico-social.
* terme employé par la maison-relais
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Heure ou date
10H15
Description
Paul est un fidèle de la pause-café : « On rigole, on parle de l’actualité, mes voisins sont sympathiques ». Le septuagénaire est arrivé à la pension de famille à son ouverture, en 2007. « Je me sens bien ici, je suis chez moi », dit-il très simplement. « Ça a été un sacré soulagement quand j’ai trouvé ce logement. Avant, en CHRS (centre d’hébergement et de réinsertion sociale), on pouvait être jusqu’à neuf par chambre. » Un « faisceau de circonstances » a conduit Paul à démissionner de son emploi à la Mairie de Paris. Ne pouvant plus rembourser les mensualités engagées pour l’achat de son appartement, il s’est retrouvé littéralement à la rue deux nuits durant, avant d’obtenir une première place en foyer, puis, un jour, un studio dans cette pension de famille. Cette dernière accueille pour une durée illimitée 15 résidants, dont une majorité d’hommes. Tous paient un loyer (dont le montant est fonction de leurs ressources) et sont suffisamment autonomes pour vivre seuls.
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Heure ou date
12H20
Description
« Ici, j’ai mon indépendance, apprécie Paul, car je suis un solitaire. C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai jamais été marié. Et, en même temps, il y a de la convivialité. Et puis j’ai besoin de la présence de Marie et de son aide pour accomplir mes démarches administratives ». Après le café partagé, Paul s’attèle à la préparation de gâteaux avec Ayelé, intervenante socio-éducative. Jusqu’à ce que le Covid ne vienne restreindre les possibilités, des activités régulières étaient ainsi proposées aux résidants : informatique, cuisine, sorties culturelles… Pour l’heure, les gâteaux préparés seront dégustés lors du « goûter-jeux » organisé l’après-midi, dans la cour, en compagnie des “dames de Chrysalide”, comme les désignent ceux qui se sont baptisés “la bande de Magenta”.
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Heure ou date
12H30
Description
Chez les voisines de Chrysalide, la journée a démarré lentement. Parmi les quarante femmes orientées ici par le SIAO Urgence - confié au Samu social de Paris -, quelques-unes se sont levées tôt, pour aller travailler. D’autres ont recours à la débrouille pour gagner quelques sous. Mais la plupart n’ont aucune ressource. Elles ont fui des violences (conjugales, familiales), sont marquées sur le plan psychologique et en quête de repères. Certaines souffrent d’addictions. Les midis et les week-ends, elles sont plusieurs à descendre de leurs chambres et à se retrouver dans la salle du rez-de-chaussée pour cuisiner, manger ensemble ou regarder la télé. Un kit vaisselle leur est fourni, une cuisine est à leur disposition. Tous les soirs de la semaine, un plateau repas leur est servi par des bénévoles qui viennent renforcer l’équipe salariée. Martine (prénom d'emprunt), 60 ans, Ivoirienne au parcours difficile, arrivée fin 2020, est heureuse de bénéficier d’une telle attention. « Ici, je suis bien traitée. On me dit bonjour, on me demande comment ça va. »