En installant la boutique solidaire du Secours Catholique de Surgères, près de La Rochelle, dans un local spacieux et décloisonné, les bénévoles voulaient attirer un public large et de tout niveau social. Pari réussi. Entre les rayons garnis de produits de seconde main et le coin café, de belles rencontres se produisent et des liens de solidarité se créent.
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14H
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Quelques minutes avant l’ouverture.
Dans l’arrière-boutique, le trio chargé du tri de vêtements, déjà à l’œuvre, passe au peigne fin les derniers arrivages, étalés sur une table. Une bénévole explique : « On ne garde que ce qui est en très bon état, par respect pour la dignité des personnes qui achètent. » Les vêtements troués, tachés ou couverts de poils de chat ou de bouloches partent au recyclage. L’an passé, près de 3 tonnes ont été envoyées au réseau Le Relais.
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14H30
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À l'ouverture, la boutique ressemble à une fourmilière. 33 bénévoles se relaient dans ce grand espace décloisonné, formant un joyeux ballet. Des visiteurs de tous horizons sociaux franchissent la porte : des personnes en précarité à celles engagées dans une démarche écoresponsable.
Florence déboule les mains chargées de sacs. « On donne tout ce qu’on n’utilise plus. C’est une façon de recycler et de faire vivre une association », confie-t-elle avant de jeter un coup d’œil aux objets de décoration. C’est ici qu’elle a fait quelques belles trouvailles pour le gîte qu’elle rénove.
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15H
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Accueil social.
« Qu'est-ce qui vous amène ? » À l’étage, dans une salle de réunion qui fait office de permanence sociale, un binôme de bénévoles reçoit une mère isolée. En posant sur la table une pochette contenant des documents administratifs, celle-ci raconte : « C’est mon assistante sociale qui m’envoie. J’ai du retard dans le paiement des factures de la cantine. »
Entrer dans une boutique solidaire pour demander une aide financière ou être suivi pour ses démarches est « moins stigmatisant », explique Martine, la responsable du lieu. « Ils ne sont pas étiquetés “personnes en précarité”, ils sont des acheteurs lambda. »
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15H30
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Essayage.
Suivant les conseils des bénévoles de l’accueil social, qui lui ont remis des bons pour acheter de l’essence et poursuivre ainsi son stage de réinsertion professionnelle, Sébastien, 38 ans, fait un tour en boutique. « J’ai pris mon blouson ici, glisse-t-il. Maintenant il me manque des gants pour me tenir chaud quand je conduis mon scooter. » Il jette finalement son dévolu sur une veste. Aux petits soins, une bénévole lui prodigue quelques conseils de mode. « J’ai au moins cinq sacs de vêtements pour bébé, propose alors Sébastien. Ma fille ne les met plus. Je reviendrai pour vous les apporter. »
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15H45
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« Je suis devenue bénévole pour rendre ce qu’on m’a donné. »
« La vitrine est renouvelée une fois par mois en fonction de la saison et au feeling », explique Nathalie, qui habille un mannequin. Cette ex-employée d’une maison de luxe, qui traverse une période difficile en raison de soucis de santé, vient à la boutique solidaire du Secours Catholique pour faire du shopping, rencontrer d’autres personnes et, depuis un an, donner un coup de main. Elle confie : « Je suis devenue bénévole pour rendre ce qu’on m’a donné. »
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16H
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Du mobilier en très bon état.
« On va avoir besoin de bras », lance Jacques, retraité de 70 ans et bénévole à la boutique solidaire, en garant la camionnette chargée de meubles. « On fait souvent appel à nous dans le cadre de successions, observe le bénévole. On prend ce qui peut être réutilisé. Le reste va à la déchèterie. »
Ce jour-là, le débarras d'une maison a été une réussite : vaisselier, commode, tables de chevet... Du mobilier en bois « dans un très bon état ». Une partie sera exposée en rayon, une autre sera stockée dans l'entrepôt, à quelques encablures de la boutique solidaire, en attendant d'être vendue. Jacques explique : « On reçoit de plus en plus de meubles c'est pourquoi on a dû louer un espace de stockage ». L'équipe propose également de livrer les meubles vendus à domicile.
Alors que les bénévoles finissent de décharger la camionnette, une femme sort de son véhicule les bras encombrés par des étagères murales et les leur remet. « Ça peut toujours servir », dit-elle, en rebroussant chemin.
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Dans l'atelier de réparation.
Le mobilier légèrement abîmé ou les appareils de petit électroménager transitent par l’atelier de réparation, aménagé au fond de la boutique, prélude à une seconde vie. Comme cette pendule en marbre, récupérée le jour même durant le vide maison. Un pot de colle à la main, Christian, bénévole en charge de l'atelier de bricolage, rafistole l'objet. Devant lui, suspendus au mur, des tournevis, des sécateurs, des marteaux, une scie et autres outils prêts à l'emploi. « La plupart du temps, il faut recoller le pied d'une chaise, stabiliser un meuble en ajoutant une pointe ou un clou ou resserrer une poignée de porte, précise-t-il. Pour l'électroménager, la première chose à faire c'est de vérifier qu'il fonctionne encore ».
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16H30
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De la vaisselle, des matelas, des livres, des jouets… La boutique solidaire propose toutes sortes de produits vendus à moindre coût. Dominique, un visiteur régulier, se souvient d’un achat en particulier : « Des santiags quasi neuves à 4 euros ! Je n’aurais pas pu me les offrir ailleurs. » Mais le retraité y trouve bien plus que de bonnes affaires. L’homme qui vit seul et que tous les bénévoles appellent par son prénom, dit apprécier surtout les moments de convivialité. « On parle de tout et de rien, ça m’occupe, ça remonte le moral », dit-il en souriant dans sa barbe.
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16h45
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« Un lieu de convivialité avant tout »
Mathilde, bénévole à la chevelure ornée d'une fleur, tend une tasse de café aux visiteurs qui passent sous le parasol, comme une invitation au partage. Installé au centre de la boutique, le Café Cozette, aux allures de guinguette, est un carrefour incontournable. C’est là que l’équipe se retrouve et papote et que les visiteurs peuvent faire connaissance. Une façon de rompre l’isolement et de nouer des liens de solidarité. Mathilde se rappelle : « Un jour, une personne a proposé un covoiturage pour dépanner quelqu’un. Ils ont échangé leurs numéros. La boutique n’est pas seulement un lieu d’achat, c’est avant tout un lieu de convivialité. »
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« Ne rien s’interdire »
Émilie Bonneau, actuellement coordinatrice régionale d’animation au Secours Catholique en Nouvelle Aquitaine :
« Au départ, il s’agissait d’un vestiaire où l’on trouvait des vêtements et du mobilier mais pas d’espace de convivialité. Le lieu s’adressait surtout aux personnes en précarité. Après une douzaine d’années d’activité, le vestiaire a déménagé en 2009 dans un local un peu plus grand. Mais dans cet espace cloisonné, les personnes passaient peu d’une pièce à l’autre. En 2019, l’équipe a voulu faire évoluer ce lieu en « boutique solidaire ». Un comité de pilotage, réunissant bénévoles et personnes en difficulté, a été mis en place pour définir les objectifs de ce projet. Le premier souhait était d’avoir un grand espace ouvert dans lequel les visiteurs autant que les bénévoles puissent circuler facilement. L’espace que nous occupons aujourd’hui ressemblait à un cube nu, à habiller. On pouvait faire ce qu’on souhaitait. On a pensé cette nouvelle boutique comme un tiers-lieu. On ne s’interdit rien, on peut très bien accueillir d’autres activités comme des expositions. Ce serait une manière de faire venir un autre public. D’ailleurs, on invite nos donateurs à faire un tour dans la boutique, à prendre un café, à discuter du projet. Cela change leur rapport au lieu et au don. »