« Un toit un avenir » accompagne vers l’autonomie

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À Limeil-Brévannes, dans le Val-de-Marne, le centre d’hébergement d’urgence « Un toit un avenir » - géré par l’association AUVM cofondée par le Secours Catholique - accueille sur son site collectif une vingtaine de ménages en précarité dans des appartements de qualité et des espaces communs. Aux côtés des travailleurs sociaux, des bénévoles accompagnent les résidents dans leur parcours vers l’autonomie.
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Dans le patio du CHU, carrefour pour les résidents
Heure ou date
10H
Description

Construit au sein d’un quartier pavillonnaire tranquille de Limeil-Brévannes, à quelques pas des premiers commerces et services, le centre d’hébergement d’urgence (CHU) « Un toit un avenir » est un bâtiment entièrement paré de bois et surmonté d’un toit terrasse. On y pénètre en passant devant les boîtes aux lettres individuelles des résidents, et on débouche sur un patio, au centre duquel un jeune arbre fédérateur a été planté.

Le CHU a accueilli ses premiers résidents en 2019. Il en compte aujourd’hui 40 : des personnes seules et des familles. Les résidents sont répartis dans 23 appartements, du studio à l’appartement familial, aménagés dans les étages, le long de coursives surplombant le patio où jouent les enfants. Au rez-de-chaussée, des espaces communs et des bureaux dédiés aux travailleurs sociaux salariés.

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Esther, référente sociale, en entretien avec une résidente
Heure ou date
10H30
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Esther, l’une des cinq référentes sociales en charge d’accompagner les résidents, reçoit une mère et ses deux enfants en bas âge. « Tu veux faire un dessin ? », propose l’éducatrice spécialisée à l’aînée des fillettes qui commence à s’agiter. La maman est venue pour effectuer le paiement en ligne de la participation financière demandée à chaque ménage (à hauteur de 20%). Problème : la carte bancaire appartient à son mari, et le code de validation arrive sur le mobile de ce dernier, qui se trouve au travail. Après deux échanges téléphoniques avec lui, qui ne permettent pas de trouver la solution, Esther temporise : « On va laisser de côté cette démarche, on y reviendra. Je vous laisse travailler. » Puis, à la maman : « Quand vous venez, vous devez avoir avec vous toutes les informations, pour que l’on puisse avancer ». Les mots sont fermes mais prononcés avec douceur. « Il faut du sourire, de la patience, commente la référente sociale. Les résidents ont besoin d’aide : c’est important pour eux, c’est leur vie. Il nous faut comprendre d’où ils viennent, s’adapter à eux, leur apporter les codes pour qu’ils puissent acquérir de l’autonomie dans leur futur logement, et dans la société. »

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Esther, référente sociale, auprès d'une résidente
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Insertion sociale

L’accompagnement global des résidents – dont le séjour au CHU varie de quelques semaines à plusieurs mois – touche à différents aspects de l’insertion sociale : au relogement (dans le parc social notamment) ou à l’orientation vers d’autres structures d’hébergement plus adaptées ; à l’ouverture des différents droits (couverture maladie, chômage, allocations…) ; à la gestion budgétaire (ouverture d’un compte courant, utilisation des moyens de paiement, gestion des dettes…) ; au « savoir habiter » (payer un loyer, meubler un logement, l’entretenir…), ou encore à la parentalité. Les problématiques rencontrées peuvent être lourdes, complète Rachel Nguyen, la cheffe de service. « Beaucoup de nos résidents sont en situation irrégulière, certaines sont victimes de violences, nous avons aussi des personnes âgées très dépendantes. »

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Dans la salle collective, autour de la table, les résidents organisent la prochaine fête.
Heure ou date
11H
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Dans la salle d’activités, au rez-de-chaussée, débute un « brunch », consacré à l’organisation de la fête de l’été et au menu du repas cuisiné collectivement. L'événement est programmé au mercredi suivant. Référent social en charge de la coordination des activités collectives, Alexandre, queue de cheval et barbe courte, anime ce temps de discussion, autour de viennoiseries, de salades de fruits frais, et de roulés jambon - fromage. « Combien de kilos de poulet pour 60 personnes ? », interroge-t-il à la cantonade. Puis : « Vous mettriez quoi, madame T., comme accompagnement ? Riz basmati ? ». Une résidente énonce, pour tous : « L’important, ce n’est pas de manger, mais c’est que l’on soit ensemble ». Le groupe, 100% féminin, approuve.

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Dans la salle collective, autour de la table, les résidents organisent la prochaine fête.
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Vie collective

« Parlons organisation maintenant », poursuit Alexandre de sa voix énergique, une fois le menu cosmopolite arrêté. « Il faut une équipe pour faire les courses avec moi. » Le référent prend le temps d’écouter et de reformuler ; il doit aussi tenir compte des contraintes des résidentes : celles qui suivent une formation, celles qui ont des enfants en bas âge… « Le principe est de co-construire avec les personnes, souligne l’éducateur, qu’elles soient actrices de leur accompagnement, et qu’elles se sentent incluses au sein d’un collectif qui est lui-même intégré à la société. » « En fait, reprend-il, dès leur arrivée ici, on les accompagne vers la sortie. Car la vie est de l’autre côté du portail ».

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Michèle, bénévole, et une résidente
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Équipe bénévole

Ateliers bien-être, jardinage, cuisine, préparation à un entretien d’embauche… des activités, régulières ou ponctuelles, sont ainsi proposées. Deux sont animés chaque semaine par une équipe bénévole du Secours Catholique : l’atelier socio-linguistique, les mardis, et l’atelier couture, les vendredis. Michèle Brillant, ici en discussion avec une résidente, est la responsable de l’équipe. « Je suis là depuis la pose de la première pierre du CHU », témoigne cette retraitée du conseil départemental du Val-de-Marne.

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Catherine Gaudry, présidente du Secours Catholique du Val-de-Marne
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Genèse

« C’est un peu notre bébé », complète Catherine Gaudry, présidente du Secours Catholique du Val-de-Marne. L’association, rappelle-t-elle, a monté et co-financé le projet de centre d’hébergement sur un terrain fourni par le diocèse. Le chantier a ensuite été mené par la coopérative Habitats Solidaires, puis la gestion confiée à l’AUVM – dont le Secours Catholique est membre fondateur – qui agit comme opérateur de l’État. « Avec une conception de l’hébergement spécifique, souligne Catherine, citant l’approche écologique du bâti, la qualité des appartements et la convivialité des espaces, « pour que les personnes puissent se poser et se ressourcer ».

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L'équipe salariée et les bénévoles
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Complémentarité

La présence des bénévoles est appréciée par les travailleurs sociaux salariés. « Elles sont une vraie plus-value », souligne Alexandre. Elles apportent un regard complémentaire, leur expérience, leur bienveillance, leur générosité. Sans elles, on ne pourrait pas faire tout ce qu’on fait ». « Nous sommes sur la même longueur d’onde, ajoute Michèle. Et nous veillons à ne pas empiéter sur la mission des professionnels ».

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L'atelier couture démarre
Heure ou date
14H30
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L’atelier couture du vendredi se met en place. Un joyeux brouhaha monte autour de la machine à coudre et de Michèle, Marie-Françoise et Marie-Claire, les bénévoles présentes ce jour-là. Toutes trois sont à l’écoute des envies des participantes, qui fréquentent l’atelier au gré de leurs obligations familiales, administratives, professionnelles, médicales… « Il y a du "turn over", reconnaît Michèle, il faut s’adapter ». « On essaie de favoriser les liens, interculturels et intergénérationnels, et aussi l’entraide, ajoute la bénévole. Quand l’une sait couper une robe, l’autre va la piquer à la machine ».

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F., résidente, coud avec l'aide d'une bénévole.
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F., résidente

F., hébergée au CHU depuis août 2021 avec son mari et sa fille âgée de trois ans, vient à l’atelier couture « pour ne pas rester à la maison ». Au moment où nous la rencontrons, elle est en arrêt maladie. En temps normal, elle suit une formation d’aide-soignante et fait des heures comme auxiliaire de vie. Au Maroc, d’où elle a émigré, seule, en 2018, elle était infirmière polyvalente.

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F., et sa fille, dans leur logement.
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« On ferme la porte, et on est chez soi »

Avant d’obtenir un appartement au CHU, F., son mari et leur fille ont connu la très grande précarité : les appels quotidiens au 115 pour pouvoir dormir à l’hôtel ou dans un centre de mise à l’abri le soir venu. Avant cela encore, le couple vivait dans un studio payé au prix fort. Avec le Covid, le père de famille a perdu son job dans une station de lavage auto, et, peu de temps après, la famille a été expulsée du studio. Après plusieurs semaines d’errance, F. a reçu un coup de fil : un hébergement confortable les attendait à Limeil-Brévannes. « Moi, j’espérais juste une chambre stable, témoigne F. Ici, c’est encore mieux. On ferme la porte, et on est chez soi. Et puis on est entouré, et accompagné. Je peux dire que dans les difficultés, j’ai de la chance. »

Image de couverture
F., résidente
Fichier son
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Ici, on est entouré

Écouter le témoignage (1'40'')

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Le départ des bénévoles
Heure ou date
17H
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« Au revoir, à mardi ! » lancent les trois bénévoles sur le départ. Elles retrouveront certains résidents pour l’atelier socio-linguistique, puis, le lendemain, pour la fête de l’été. L’atrium, calme à cette heure-ci de l’après-midi, sera alors le point de convergence pour tous les habitants de « Un toit, un avenir ».

Crédits
Nom(s)
Clarisse Briot
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Eléonore Henry de Frahan
Fonction(s)
Photographe
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