Une colocation où il fait bon vivre

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À Saint-Doulchard, près de Bourges, les Cités Caritas ont créé la maison Albert-Robic, un habitat inclusif accueillant six personnes en situation de handicap mental. Laurent, Sylvain, Benjamin, Nathalie et les deux autres résidents disposent ainsi d’une colocation où ils vivent en autonomie tout en bénéficiant d’un cadre sécurisé et de soutien au quotidien.
Texte

« La maison Albert-Robic a été fondée pour ceux qui ont le souhait de quitter leur famille et d’avoir un logement, mais pas d’être autonomes à 100 %, explique Annabel Challas-Paillot, directrice de la maison Albert-Robic. Le but est d’avoir une vie normale avec son chez-soi, mais dans un cadre rassurant. Par ailleurs, la maison est un lieu partagé, c’est-à-dire qu’on rompt l’isolement par des activités communes comme le repas partagé du jeudi soir. Sans cette maison et cet accompagnement, beaucoup seraient instables ou vulnérables, car il est difficile de se maintenir en logement autonome avec un handicap. »

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Une femme range ses courses dans son studio
Heure ou date
9H30
Description

Nathalie, 51 ans, revient de la banque et du supermarché où elle s'est rendue seule, après avoir établi sa liste de courses avec Gaëlle, animatrice-éducatrice à la maison Albert-Robic. « Gaëlle m’aide à ne pas acheter trop de sucre à cause de mon diabète », explique la résidente. Chaque semaine, comme ses colocataires, elle retire 40 euros : 20 euros pour les courses du petit-déjeuner – les autres repas sont livrés –, 10 euros pour la collectivité et 10 euros pour un loisir. « Gaëlle est gentille. S’il y a un problème, elle m’aide. Je suis bien entourée ici », confie encore Nathalie. 

 

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Dans un atelier, deux hommes au travail.
Heure ou date
10H
Description

Laurent se rend au foyer occupationnel de la Cité Jean-Rodhain située juste à côté de la maison Albert-Robic. Aujourd’hui il travaille le bois avec Pascal et les résidents de l’internat voisin. Tous sont porteurs d'un handicap mental. Le foyer les occupe en journée. Espaces verts, horticulture, électricité, plomberie, menuiserie, ménage, cuisine : les tâches ne manquent pas. « En travaillant, en allant faire leurs courses, en payant le loyer, les résidents de la maison Albert-Robic se projettent dans la vie ordinaire de monsieur tout le monde », explique Gaëlle, l’animatrice-éducatrice.

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Un homme travaillant dans un atelier
Heure ou date
11H
Description

Sylvain, lui, travaille dans un Ésat (Établissement et service d’aide par le travail). Aujourd’hui âgé de 37 ans, il s’y trouve depuis quinze ans. Il aime notamment la robinetterie. Sylvain est arrivé à la maison Albert-Robic à son ouverture, il y a deux ans. « J’apprends beaucoup de choses ici : à faire le ménage, la cuisine, des sorties. On s’entend bien ensemble et j’apprends à vivre seul, en autonomie, avec ma chambre et mon frigo », témoigne-t-il. « On a plus de liberté qu’en internat : ici c’est chez nous », renchérit Brian, un autre colocataire. À terme, certains, comme Sylvain ou Laurent, se voient bien essayer de vivre seuls en appartement. La maison Albert-Robic est une première étape.

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Échange entre une personne hébergée et l'animatrice autour d'un bureau.
Heure ou date
14H
Description

Gaëlle prend le temps de faire les comptes avec Nathalie pour lui apprendre à gérer son argent. L’animatrice est présente 35 heures par semaine dans la colocation. « Ma présence les rassure. Je suis là pour les accompagner et les aider à prendre confiance en leurs capacités, explique-t-elle. Je les amène aussi à s’accepter en dépassant leur handicap. » Chaque semaine elle fixe donc des objectifs individuels à chacun en termes de santé, de loisirs, par exemple. Nathalie s’est ainsi donné pour objectif d’aller seule chez sa sœur le week-end suivant et de faire attention au sucre.

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Un homme joue au ballon sur un terrain de foot.
Heure ou date
15H
Description

Après-midi loisirs pour Laurent et Benjamin, qui jouent au football avec des résidents de la Cité Jean-Rodhain, et Olivier, un encadrant. « C’est ce que je préfère : le ballon rond ! » s’exclame Laurent, qui explique qu’il habitait chez son père auparavant. « Mais j’ai 41 ans et il m’a fait comprendre qu’il ne pourrait pas toujours être là pour m’aider. » Benjamin, lui, aime aller à la piscine le samedi. Au début, il avait peur de faire le trajet tout seul, alors Gaëlle a trouvé avec lui des points de repère. L’animatrice a également préparé un classeur d’idées sorties pour le week-end, avec toutes les informations nécessaires. C’est ainsi qu’un jour, certains sont allés au bowling.

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Un homme balaie dans le salon.
Heure ou date
17H
Description

C’est l’heure du ménage pour Sylvain. Les résidents se partagent les tâches domestiques de la colocation. Chaque début de semaine, avec Gaëlle, ils établissent le planning de la semaine. Ce sont aussi les résidents qui ont fixé ensemble les règles de vie de la colocation : on fume dehors, le chat est accepté, etc. « Le but, rappelle Gaëlle, c’est de leur offrir le plus d’autonomie possible, avec mon aide. »

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Préparation du repas en cuisine
Heure ou date
19H
Description

Ce soir-là, c’est le moment collectif de la semaine : les résidents décident du menu, font les courses et cuisinent ensemble. « Je coupe les tomates comme ça ? » interroge Sylvain. « Magnifique, ta quiche ! » déclare Gaëlle à Brian. « La vie collective est un levier pour eux, afin de dépasser leur appréhension de l'indépendance, explique-t-elle. Ensemble, ils s’entraident. » « C’est sympa de partager ce moment ensemble », confirme Brian, 20 ans, arrivé dans la colocation deux mois plus tôt. C'est ensemble aussi que les résidents financent la maison : le loyer et les charges qu'ils paient (450 euros chacun) couvrent les frais de la résidence (eau, électricité, etc.) et c’est une subvention de l’ARS qui finance le poste de Gaëlle.

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Repas partagé entre colocataires
Heure ou date
20H
Description

Au menu : quiche, salade, croque-monsieur et crème catalane. Gaëlle est bien sûr présente pour ce temps partagé. Elle organise également plusieurs fois dans l’année des sorties collectives, comme une excursion au Futuroscope ou un concert de tubes des années 80. « On retournera en discothèque, dis ? » demande en riant Laurent. « Je leur fais faire des choses sortant de l’ordinaire, qu’ils ne feront pas par ailleurs », précise l’animatrice. Lorsque celle-ci est absente, les résidents ont toujours un numéro de téléphone à appeler en cas d’urgence. « La colocation, c’est chouette car j’ai les copains à la maison ! » conclut Laurent. 

 

Crédits
Nom(s)
Cécile Leclerc-Laurent
Fonction(s)
Journaliste rédactrice
Nom(s)
Gaël Kerbaol
Fonction(s)
Photographe
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Une colocation où il fait bon vivre