Chaque jeudi soir, une équipe de bénévoles de Caritas Alsace parcourt à pied le centre-ville de Strasbourg. L’objectif : aller à la rencontre des personnes à la rue pour discuter, écouter et créer du lien.
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Heure ou date
18H
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C’est l’heure du départ. Dans la réserve du siège de Caritas Alsace, Grégoire, travailleur social de 49 ans, termine de préparer le contenu de son sac à dos. Comme lui, une dizaine de bénévoles, pour la plupart des étudiants, participe à la maraude du soir. Pour faciliter le contact avec les personnes qu’elle va rencontrer dans la rue, l’équipe emporte avec elle des produits d’hygiène à distribuer, des Thermos de café, quelques chocolats et, surtout, de la bienveillance. « Les gens aiment parler. Ça tombe bien, on aime écouter », lance Grégoire. À 23 ans, Maïwenn est étudiante en médecine et responsable de cette maraude dite “sociale“. Elle explique : « Le but est d’aller vers l’autre et de prendre le temps de discuter. Nous créons du lien : notre force c’est d’être présents ».
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Heure ou date
18H30
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Assise sur un trottoir, Leontina est emmitouflée dans son manteau. Cette jeune maman habite dans une cité HLM avec sa fille de 8 ans et son mari. Elle explique qu’elle fait la manche pour payer une partie de ses factures. « J’aimerais retrouver du travail mais sans ordinateur je ne peux même pas mettre mon CV à jour » déplore-t-elle. « Plus je reste dans cette situation et plus nos dettes s’accumulent. J’en ai assez de tout ça » confie-t-elle, les larmes aux yeux. Maïwenn lui prête une oreille attentive. « Apporte-moi ton CV la prochaine fois. Je pourrai te faire des retours et le mettre à jour. Comme ça tu pourras avancer, tu verras », rassure-t-elle. Leontina connaît bien les bénévoles et apprécie ces moments de partage : « Je les vois tous les jeudis. Ça aide énormément ».
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Heure ou date
19H
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Quelques rues plus loin, Maïwenn reconnaît Vanessa parmi un groupe de personnes, et lui offre un paquet de nougats. « C’est tout ce que j’aime, merci beaucoup ! » s’écrie cette dernière. Vanessa a 40 ans. Diagnostiquée bipolaire et schizophrène, elle touche l’AAH (Allocation aux adultes handicapés) et habite dans un logement social. Avant cela, elle a vécu dans la rue pendant un an. Le récent décès de son petit ami l’a beaucoup touchée. Ces soirées passées avec ses « collègues de la rue », comme elle les appelle, lui permettent de se sentir moins seule. « Parfois, il m’arrive de passer toute la soirée dehors » confie-t-elle. Parler avec les bénévoles de la maraude sociale lui fait aussi du bien. « C’est parfois mieux qu’un psy ! » sourit-elle.
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Huguette et Fénide sont étudiantes. La première se forme pour travailler dans les services sociaux tandis que la seconde poursuit des études de médecine. Toutes deux sont bénévoles depuis plusieurs mois : elles participent à la maraude du jeudi soir aussi souvent que leurs emplois du temps respectifs le leur permettent. « J’aime aider les personnes qui en ont besoin, confie Huguette. Ici, on partage avec elles et on les écoute ». Et Fénide de confirmer : « Les gens sont heureux de nous recevoir et c’est ce qui nous motive ».
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Heure ou date
20H30
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Kevin, 24 ans, est assis sur une palette en bois au pied d’une église. C’est la première fois que les bénévoles le rencontrent. « J’ai une tente en forêt. Je viens peu en ville », explique-t-il. Mis à la porte par ses parents adoptifs, il est passé par un foyer avant de cumuler les mauvaises expériences professionnelles dans la restauration. Il vit dehors depuis un an et demi. On lui a récemment diagnostiqué un problème à la thyroïde. Il montre sa gorge enflée à Fénide qui l’avise du traitement qu’il suit, remboursé par la CMU (Couverture maladie universelle). « Les personnes que nous rencontrons ont des profils variés. Il y a tous les âges et tous les niveaux sociaux, témoigne Grégoire. Elles finissent dans la rue après un divorce, une incarcération… des “accidents de la vie“ ».
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Heure ou date
21H30
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De retour au siège de Caritas Alsace, les bénévoles retracent leur parcours et les histoires entendues. Maïwenn note chacune d’entre elles dans le rapport interne. « On donne toujours de l’importance à la parole qu’on nous confie, explique Grégoire. Le rapport permet de garder le fil et de mettre à jour les actualités des uns et des autres ». Avant de se quitter, tous partagent un “mot de la fin“. « Aller vers la misère, c’est dur. Alors nous partageons les choses qui nous ont touchés. Pour ne pas les vivre seul », indique Maïwenn. En repensant aux témoignages recueillis, Fénide réalise que « personne n’est plus chanceux qu’un autre et qu’il faut peu de chose pour qu’une vie bascule ». De son côté, Maïwenn est heureuse du travail de l’équipe et félicite l’engagement de chacun. « Face à la précarité, conclut-elle, on peut tous agir ».