Sur la terre comme ciel, votre journal sur la transmission de patrimoine - Juin 2024

J’ai la profonde conviction que participer à un monde plus juste et fraternel implique de cultiver l’empathie envers autrui et d’offrir son aide lorsque c’est possible. Ces valeurs fondamentales peuvent se manifester à travers différents gestes ou moment de la vie. Cela peut notamment être de décider de léguer tout ou partie de ses biens afin de faire perdurer ses valeurs d’entraide et de fraternité par-delà sa mort.
La situation économique actuelle est préoccupante pour bon nombre de Français, et plus particulièrement pour la classe moyenne et les personnes à faible revenu dont le pouvoir d’achat ne cesse de diminuer à mesure que l’inflation croît. La situation géopolitique mondiale peut également susciter des inquiétudes. Malgré tout cela, les Français confirment leur générosité et leur envie de soutenir les causes qui leur tiennent à cœur. Cela se reflète bien dans la confiance que nous accordent nos testateurs, car les legs et assurances-vie représentent encore 30 % des ressources de notre association.
Arrivée au Secours Catholique en fin d’année dernière, je vous adresse ma première newsletter. Aussi, ai-je grand plaisir à vous inviter à découvrir le merveilleux projet des Cafés de rue, mené à Paris depuis plus de 30 ans, ainsi que le portrait d’Andrée, l’une de nos testatrices. Vous pourrez également en apprendre davantage sur la façon de faire un legs à une association comme le Secours Catholique, avec des informations pratiques. Enfin, vous pourrez lire mon interview dans laquelle je vous présente mon métier, mon rôle au sein de l’association et mon parcours.
 

Bonne lecture,
Pascale Delarue, chargée de la relation testateurs
 

Cafés de rue à Paris

Depuis plus de 30 ans, tous les soirs de la semaine, bénévoles, habitants du quartier et personnes en précarité se rencontrent d’égal à égal autour d’une boisson chaude et d’une collation, à la gare du Nord et à Hôtel de ville. Le projet est ancré dans un souhait d’ouverture aux autres, en particulier aux plus démunis. En apportant une présence, l’action cherche à initier un échange régulier afin de créer des relations de confiance avec ces personnes en détresse.

Au-delà d’offrir une boisson chaude, il s’agit surtout de créer un lien de confiance avec les personnes de la rue. Le soir, c’est le moment de la journée où elles ressentent souvent le besoin de se confier. Peuvent se tisser alors de véritables liens d’amitié entre bénévoles et personnes en errance… J’ai rencontré l’amour et l’humanité. Des histoires extraordinaires. Une spontanéité mutuelle. Des liens véritables et amicaux. Des rencontres authentiques. raconte une bénévole qui anime un de ces cafés, une fois par semaine.
Ça m’apporte un grand bien, je suis en conformité avec mes valeurs : être à l’écoute, accueillir l’autre, rencontrer les personnes. C’est un croisement de cultures, un espace de bien-être. Boubacar, bénévole, responsable du café de rue, le mardi à Châtelet.

Ces dernières années, le projet a vu de belles innovations, tel que l’investissement dans des triporteurs. La logistique étant devenue un peu lourde, car il fallait trouver chaque soir un chauffeur pour acheminer les cafés en camionnette après les avoir préparés, une idée a germé :  créer un "vélo-bar" électrique pour livrer le café de rue à vélo. Cette option plus écologique et plus adaptée à la circulation parisienne permet de proposer un espace-café adapté, plus convivial et confortable, laissant plus de place à l’échange et à la rencontre. Cela permet aussi de créer de l’emploi, car les triporteurs sont conduits par des personnes en insertion.
Aurélien, bénévole au café de rue Gare du Nord et restaurateur, a travaillé sur le design du vélo-bar en coopération avec les personnes sans domicile.

En 2021, le Secours Catholique a engagé un partenariat pro bono avec l’agence de publicité stratégique Wcie pour promouvoir les cafés de rue et le bénévolat au sein de l’association.
Charlotte, animatrice au Secours Catholique en parle :

La création du logo Café de rue avait pour objectif de permettre aux personnes de la rue et aux passants d’identifier rapidement l'objet de notre action et d'amener un côté plus convivial et dynamique. La vidéo [NDLR : à visionner juste en-dessous de l'article], quant à elle, permet d'avoir un nouveau support de communication avec les nouveaux logos pour de futurs bénévoles, des donateurs ou des partenaires.
Winona, salariée de l’agence Wcie témoigne : 

W et Le Secours Catholique ont collaboré dès septembre 2019 pour la reprogrammation de l'offre de distribution de boissons et collations dans la rue : les Cafés de rue. Il était primordial de valoriser cette offre, une action d'utilité publique afin de créer du lien avec ceux qui en ont le plus besoin. Les Cafés de rue sont une offre ouverte à tous, quels que soient la religion, le genre et les envies des personnes qui en bénéficient. W s'est engagé auprès du Secours Catholique bénévolement.

Portrait de testatrice

Merci Andrée
Andrée a décidé de soutenir les actions du Secours Catholique grâce à un legs et une assurance-vie

Votre histoire familiale est-elle à l’origine de votre démarche de transmission ?
J’ai eu une enfance difficile, en effet, j’ai subi des violences physiques et psychologiques au sein de ma famille. C’est pourquoi j’ai décidé de fuir cette situation impossible à l’âge de 17 ans. Malheureusement, ma situation ne s’est pas améliorée et mon nouvel entourage n’a pas su m’épauler, au contraire. 2 ans plus tard, j’ai réussi à me relever et à sortir de la précarité et de l’isolement dans lesquels j’étais enlisée. 
C’est difficile de se reconstruire quand on n’a pas de repère. Aide-soignante depuis plus de 30 ans, mon métier m’a beaucoup aidée à reprendre confiance en moi. Je me sens utile et nécessaire au bien-être des résidents de la maison de retraite dans laquelle je travaille. J’ai besoin de donner ce que je n’ai pas reçu. 
Mon parcours personnel m’a donné envie d’aider les gens et plus particulièrement les femmes et les enfants qui vivent des situations de violence, comme moi dans le passé.

Comment avez-vous connu le Secours Catholique ?
J’ai commencé à connaître le Secours Catholique au gré de mes rencontres et de mes recherches. J’aurais aimé croiser la route de l’association lorsque je me sentais seule et avais besoin d’une oreille attentive et bienveillante.

Pourquoi avez-vous choisi de léguer au Secours Catholique et de lui consentir une assurance-vie ?
Je reste très éloignée de ma famille, alors j’ai souhaité qu’une partie de mon patrimoine et mon assurance-vie permette de venir en aide aux personnes accompagnées par le Secours Catholique, notamment les enfants et les femmes victimes de violences.
 

Organiser sa succession en absence d’enfant : sans conjoint ni enfant qui hérite ?

• Si je n’ai pas d’enfants qui hérite ?

Si vous n’avez pas rédigé de testament, la transmission de votre patrimoine se fait selon l’ordre précis des héritiers fixé par la loi et qui détermine la part à laquelle ils ont droit. A défaut d’enfants, mais en présence d’un conjoint marié, c’est lui qui héritera de tout, sauf si vous avez des parents survivants. Lesquels auront dans ce cas la moitié, soit un quart chacun. Si l’un d’eux est décédé, le survivant des parents aura un quart et le conjoint les trois autres quarts.
Si vous n’avez ni descendance ni conjoint ce sont vos parents et vos frères et sœurs (et les descendants de ces derniers (neveux/nièces en cas de renonciation ou prédécès de leur parent) qui seront appelés à hériter. Vos père et mère recevront un quart chacun et vos frères et sœurs se partageront l’autre moitié par parts égales. Si l’un des parents est décédé ils se partageront les trois quarts. Si les deux parents sont décédés, la succession sera partagée par parts égales entre vos frères et sœurs.
En l’absence de parents, de frères et sœurs (ou de neveux qui les représentent), la succession sera divisée en deux parts égales : une moitié pour la famille maternelle, l’autre moitié pour la famille paternelle. Dans chacune des deux familles se sont les héritiers au degré le plus proche qui hériteront : les oncles ou tantes (parents au 3eme degrés) puis les cousins germains (parents au 4ème degrés). Si vous n’avez pas de famille dans l’une des deux branches, ce sont les parents les plus proches de l’autre famille qui recevront la totalité de la succession. En France nous ne pouvons hériter que jusqu’au 6ème degré, au-delà c’est l’Etat qui recueillera les biens, la succession est dite « vacante ».

Puis-je déroger à la loi sur mon choix d’héritier ?

Oui bien sûr les personnes sans enfants et sans conjoint sont entièrement libres dans la transmission des biens de leur succession. Grâce à un testament, condition sine qua non, vous pouvez avantager un héritier plutôt qu’un autre. Vous pouvez gratifier des personnes étrangères à votre famille : des amis, certaines associations, comme le Secours Catholique, ou certains établissements publics. Le testament recueille les derniers souhaits relatifs au devenir de votre patrimoine, il peut aussi permettre de prendre des dispositions autres (dites « extrapatrimoniales ») comme reconnaître un enfant naturel, désigner qui s’occupera de votre animal… Il est important de réfléchir à qui vous souhaitez transmettre vos biens, à défaut la loi le fait pour vous. Le testament est révocable jusqu’à votre décès, vous pouvez donc le modifier jusqu’à cette date. N’hésitez pas à nous contacter et à demander conseil auprès de votre notaire.
 

• Comment informer le choix de mes obsèques ?

Si vous ne laissez aucune indication sur l’organisation de vos obsèques, vos proches peuvent être démunis au moment de décider. Pour que vos volontés soient respectées, mieux vaut les coucher sur un papier autre que le testament.
 

• Comment faire connaître mon patrimoine existant à mon décès ?

Si vous ne laissez aucune information, on ne peut pas deviner que vous êtes propriétaire de tel bien immobilier, que vos avoirs bancaires sont déposés en telle banque, le nom de votre mutuelle, l’assureur de vos biens, les fournisseurs d’énergie, l’existence d’une voiture, d’assurances-vie, de parts sociales…il faut le faire savoir par un écrit exhaustif joint, par exemple, à votre testament.

Notre experte vous répond

Pascale Delarue, chargée de la relation testateurs au sein du Secours Catholique, est désormais votre interlocutrice privilégiée concernant votre projet de transmission.

Quel est votre rôle au sein du Secours Catholique ?
Mon rôle consiste à guider les personnes qui désirent faire un Legs, une donation ou souscrire une assurance-vie au bénéfice du Secours Catholique. 
Mes missions sont variées : répondre à leurs interrogations, que ce soit sur un plan juridique, le respect de leurs volontés ou encore les actions du Secours Catholique, évaluer avec elles la faisabilité de leur projet de transmission, établir une relation de confiance en les rencontrant, etc.
Lorsqu’ils le désirent, je maintiens le contact avec nos testateurs (ce sont les personnes ayant finalisé leur projet de transmission de patrimoine en faveur de notre association). En effet, durant la phase d'accompagnement, un lien de confiance se crée, et nous sommes heureux de poursuivre nos échanges par la suite.

Est-il possible de vous rencontrer à domicile ou dans une délégation ?
Oui, je vais régulièrement à la rencontre des personnes qui en expriment le désir. Pouvoir se rencontrer, échanger de vive voix, faire relire un document… ce sont des étapes primordiales lorsqu’il s’agit d’un projet de vie tel que la transmission de patrimoine. 
Ensemble, nous planifions un rendez-vous qui peut se dérouler au siège du Secours Catholique, au domicile de la personne ou dans une délégation du Secours Catholique.

Quel conseil donnez-vous fréquemment ? 
En complément des renseignements que je transmets en tant que chargée de la relation testateurs, je recommande souvent aux personnes que j’accompagne de consulter un notaire. En tant que spécialiste du droit de la famille, il examine leur situation et leur donne des recommandations personnalisées pour rédiger un testament, afin de faire valoir leurs souhaits et volontés.

Qu'est-ce qui vous anime ?
Rencontrer l’autre est une source de motivation dans mon travail ! Chaque testateur ou testatrice avec qui j’interagis a une histoire de vie unique. Ainsi, c’est toujours un grand plaisir pour moi de faire la connaissance des personnes qui me contactent, de découvrir leurs passions, d’écouter leurs anecdotes et les moments marquant de leur existence… 
Faire un legs est souvent un projet significatif, qui donne un sens aux valeurs, à l’engagement et au travail accompli tout au long d’une vie. Transmettre le fruit de son labeur et de ses efforts aux personnes démunies est un acte que je trouve profondément touchant.